En raison du contexte actuel, le Centre international d’art et du paysage de l’Ile de Vassivière a été contraint de reporter l’exposition La vie à elle-même en 2021.

La vie à elle-même est une exposition collective qui se modifie à travers le temps : des œuvres se développent pendant la durée du projet, elles évoluent avec le territoire et réagissent les unes aux autres. Au lieu de présenter des objets fixes, il s’agit de proposer une exposition comme un ensemble mouvant non seulement pour lui-même, mais aussi avec tout ce qui l’entoure. Ainsi ce n’est pas seulement l’exposition qui se transforme, c’est aussi son environnement. Chaleur, niveau de CO2, vent, odeurs, sons, textures, ondes, algorithmes… les oeuvres sont conçues dans des matériaux poreux. Agissant à des échelles multiples, les transformations ne seront pas toujours visibles à l’oeil nu, ou le temps court d’une visite.

L’exposition La vie à elle-même réunit un corpus d’artistes qui compose des mondes où l’humain n’est pas au centre des attentions. Ce changement de focale est présent dans les arts et dans d’autres domaines où il s’agit de repenser un monde épuisé par l’hégémonie humaine. Comment nourrir à nouveau un univers vidé par l’humain ? Si la technique de la perspective fut la marque d’un univers représenté à partir d’une vision humaine, les formes mouvantes à multiples échelles sont l’image d’un monde dont l’humain est décentré. Comme un système complexe, la terre ne peut être totalement contrôlée, et réagit par enchainements causal, boucles de rétroactions sur lesquelles l’humain perd ses prises. Ce monde n’est pas fixe, c’est un être vivant, son temps comme le nôtre n’est pas linéaire mais cyclique et promet accélérations, extinctions, ralentissements, naissances. C’est un monde à observer plus qu’à comprendre, dont on fait partie plus que l’on domine, et qui circule autant dans le virtuel que dans le physique.

L’exposition La vie à elle-même combinera productions spécifiques et œuvres existantes. Les artistes invités mènent une réflexion sur la temporalité de l’oeuvre, sa transformation. Certains produisent des mondes sans l’humain, emprunts de contagion. Dans cette optique, l’exposition a un caractère expérimental : des éléments inattendus pourront émerger au fur et à mesure.

Image à la une : © Rochelle Goldberg, Digesting Gold, 2018 (détail) : Bronze, verre, eau, racine de céleri, gomme, laque, acrylique, peinture de dispersion, eco-plastique, tapis, 247 x 310 x 45 cm. Courtesy Miguel Abreu Gallery